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ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN

flammes, cette bouche large, ardente et tragique, et cette gorge orageuse, toute gonflée de sanglots, demi-nue dans la collerette entr’ouverte…

Le lendemain, elle sauta au cou du marquis pour le remercier de lui avoir fait connaître un jeune homme aussi remarquable, et sa vie, dès lors, lui parut infiniment plus intéressante.

Elle accordait la journée au marquis, aux visites, à la promenade et, dès le soir, courait près du buste de marbre. Après les vanités de la journée, le scintillement fatigant des madrigaux et des épigrammes, ce lui était un contraste délicieux, et comme un bain de douceur, de se retrouver avec son ami.

Il lui renversait doucement la tête de façon à plonger dans ses yeux, et l’embrassait longuement et silencieusement sur la bouche, pendant qu’il pressait tendrement ses seins encore émus de la course, et palpitants comme des oiseaux… Et c’était, ce baiser, suivant