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ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN


Une porte glissa dans le mur et, sans bruit,
Tu t’avanças, flottante en ta robe lamée,
Orgueilleuse, tes bras pleins d’anneaux, parfumée,
Et ta gorge vivante offerte comme un fruit.



Devant toi les flambeaux abdiquèrent, livides,
Et seuls, et ruisselants parmi l’obscurité,
Tes beaux yeux de vertige et de fatalité,
Tes beaux yeux éclataient, fidèles et splendides.



Et mon cœur trépassé d’un long frémissement
S’émut, comme un Lazare écartant son drap roide.
Une cloche tinta parmi l’aurore froide,
Et mon cœur se remit à battre doucement.



Et maintenant parmi de royales pelouses
Mon cœur vivait, épanoui sur un rosier ;
Tu passais, lente et belle, et d’un air princier
Tes doigts cueillaient la fleur pour tes lèvres jalouses.