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CONTES

de la tête aux pieds d’un grand voile aux mille plis, sous lequel son jeune corps, fin et souple, aperçu et dérobé tour à tour, semblait se diluer dans un mystère de nudités fluides.

Les lettres grecques gravées sur le socle la nommaient Xanthis, et elle était née dans Crissa, féconde en vignes, ceinte par la mer retentissante.

Xanthis était la lumière de la vitrine.

Souvent il lui arrivait de descendre de son socle, et de répéter, au milieu d’un cercle d’admirateurs, les danses qu’elle exécutait jadis sous les péristyles du temple d’Artémis. Ses petits pieds cerclés d’anneaux d’or, elle tournait, entrelaçant des pas compliqués et tissant avec une grâce accomplie les plus merveilleuses broderies du rythme. Elle exprimait ainsi, sans s’en douter, les choses les plus diverses, les plus profondes aussi, et quand, à la fin, elle se dressait, cambrée et solennelle, ses bras arrondis au-dessus de la tête, les pointes de ses jeunes seins tendant le voile