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ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN


Il baise la chevelure de Galatée, gravement.

Vents de la mer !… Parfum des bois !… Souffles nocturnes !…
Petites fleurs dont la rosée emplit les urnes,
Grands arbres doucement par la brise agités,
Plaines, coteaux, vallons des nymphes habités,
Bonne terre et toi, nuit, dont la majesté veille,
Protégez à jamais cette enfant qui sommeille…

S’abandonnant peu à peu comme malgré
lui.

Qu’elle ignore le mal par le mal expié :
Ayez pour elle, ayez un peu de ma pitié !
Et puisqu’il n’est ici nul regard que je blesse,
Puisque nul ne peut voir ma honte et ma faiblesse,
Ah ! laissez-moi pleurer un peu comme un enfant.

Il pleure un moment, à genoux, brisé et
sanglotant, puis il se redresse lentement.

C’est fini maintenant, ma force est revenue :
Je sens en moi descendre une paix inconnue ;
Mon cœur se calme et rend à présent sous ma main
Un beau son grave et fort, comme une urne d’airain.

Touchant Lycas de ses mains tremblantes.