Oui, j’ai voulu bondir sur toi comme un sauvage,
Et t’écraser la tête aux rochers du rivage !
Mais un éclair étrange a frappé mes pensers,
Mes poings levés se sont d’eux-mêmes abaissés
Et j’ai senti soudain ma fureur et ma rage
Crever et ruisseler à flots comme un orage,
En laissant à leur place, ayant tout emporté,
Une grande souffrance où naissait la bonté.
Va, dors bien doucement… Ne crains pas ma justice,
Dors sans comprendre même un peu mon sacrifice,
Dors…
Ton souffle est égal. Je n’ai qu’à me baisser
Pour sentir sur mon front ton haleine passer.
On dirait que ta bouche entr’ouverte murmure…
Acis ! toujours Acis !…
Oh ! l’affreuse torture
Est toujours là ! J’ai peur !…
Soutenez-moi, grands dieux !
Qu’une dernière fois je baise ses cheveux.