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ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN


Elle s’étend et murmure ces derniers
vers comme en songe, en diminuant
toujours, pour exhaler le dernier
comme un soupir.

Je veux le croire encore auprès de moi… Je veux
L’entendre encor parler… tout bas… dans mes cheveux…
Et sous la nuit sereine, où s’apaisent les fièvres,
M’endormir… l’âme heureuse… et son nom sur mes lèvres…

Elle s’endort. — La scène reste vide
un moment. Soudain de rauques
gémissements s’élèvent

POLYPHÈME,
appelant.

Lycas !… Lycas !…

Il entre, les bras en avant, tâtonnant.

LYCAS,
sortant de la grotte.

C’est toi ?…

POLYPHÈME

C’est moi, mon enfant… Viens,
Approche-toi.

LYCAS

Qu’as-tu ?

POLYPHÈME

Prends mes doigts dans les tiens.