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POLYPHÈME


Dieux ! Que la solitude alentour est profonde !
On dirait qu’il n’est plus que toi et moi au monde.
Montre tes yeux…

ACIS

Les tiens ont la couleur du ciel.

GALATÉE

Les tiens ont la douceur du vin d’or et du miel,
De l’eau fraîche du puits quand la soif vous altère,
De tout ce que je sais de plus doux sur la terre.
Oh ! que mon cœur est lourd !... Je ne sais pas pourquoi,
Jamais je n’ai senti tant de douceur en moi.
Je te trouve si beau !… Ce soir, je voudrais même
Me fondre sous tes dents comme un fruit, tant je t’aime !
Et toi, dis, m’aimes-tu ?

ACIS,
l’attirant à lui.

Penche-toi, viens plus près :
Tu sais bien que l’amour dit tout bas ses secrets...
Ta chevelure est comme une eau dorée... Encore !...

Il plonge son visage dans la chevelure
de Galatée.

Ta bouche !… donne-moi ta bouche !

GALATÉE,
à demi pâmée.

Je t’adore !