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ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN


La mer murmure, solitaire,
Des fleurs se ferment sur la terre,
La lune monte avec mystère…

Les voix s’éloignent lentement ; aux
dernières mesures, Polyphème
se rapproche comme en rampant et
vient se cacher derrière Acis et Galatée.


GALATÉE

Oh ! rester ainsi toute la nuit !…
Le calme est si profond ! Tout s’endort ; plus un bruit.
Un dernier rayon meurt sur le temple d’Hercule.
C’est étrange, quand vient ainsi le crépuscule,
Toujours je sens mon cœur malgré moi se serrer,
Et mes yeux, pour un mot, se mettraient à pleurer.

ACIS

Même ainsi, près de moi, cette heure te pénètre ?

GALATÉE

Oui, ce soir, près de toi plus que jamais peut-être.

ACIS

C’est que nous éprouvons la présence des dieux :
À cette heure le bois devient mystérieux ;
D’eux-mêmes, sur le bord des eaux, les roseaux sonnent :