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POLYPHÈME


ACIS

Le soleil qui se couche…
Dis-moi, n’est-ce pas l’heure où ton maître farouche
Revient ?

GALATÉE

Oh ! non !… plus tard… Il traîne son ennui
Là-haut, et bien souvent ne rentre que la nuit.

ACIS

Et seul, toujours seul… Dieux ! Que son humeur est noire !
Des jours entiers, il rêve en haut du promontoire,
Les yeux fixes. Cent fois ainsi je l’ai trouvé…
Même, un jour, ignorant qu’il était observé,
Je l’ai vu se traîner à genoux dans les ronces,
Imitant comme un fou ta voix et tes réponses,
Et poussant des sanglots si terribles, vois-tu,
Et si tristes qu’au cœur un frisson m’a couru !…
Il est très malheureux.

GALATÉE

Bah ! laisse Polyphème.
Tu ne vas pourtant pas demander que je l’aime !

ACIS

S’il nous voyait !…