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POLYPHÈME

Un mystère pour moi persiste et se dérobe
Dans chaque coin d’espace occupé par sa robe.
Elle était tout à l’heure ici : je sens dans l’air
Flotter encore un peu du parfum de sa chair.
C’est ici qu’elle était assise…

Il s’assied à la place occupée par Galatée
et, par degrés, s’exalte.
C’est ici qu’elle était assise… Cette touffe

D’herbe au poids de son corps fut foulée… Ah ! j’étouffe !

Il va vers la couche de feuillage.
Et cette couche encore affaissée à demi…

Sa tête a posé là… c’est là qu’elle a dormi…

Il se jette sur le lit avec frénésie.
Ah ! j’ai soif à la fois de baiser et de mordre !

Galatée !… Oh ! je sens la souffrance me tordre !
Jaloux ! je suis jaloux !… Oh ! rien que d’y penser,
Les voir tous les deux là rire et se caresser,
Lui béat et stupide, elle chaude et câline
Et des roucoulements d’amour plein la poitrine !…
J’ai beau lutter… Toujours ces images de feu !…
Je les sens s’imprégner dans mes os peu à peu !…
Oh ! bondir… les surprendre… et m’élancer sur elle…