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POLYPHÈME


ACIS

Pourtant…

GALATÉE

Muette ainsi qu’une statue
Je l’ai bravé : soudain sa fureur a cessé.
Ah ! si tu l’avais vu comme un lion forcé
Rugir, se tordre et puis, pour calmer mes alarmes,
Me supplier avec ses gros yeux pleins de larmes
Et demander pardon d’un air humilié !
Comme à moi, par instants, il t’aurait fait pitié.
Car il est bon, au fond… Mais prétendre qu’on l’aime !…
Un lourdaud comme lui faire le beau quand même !...
Pauvre ami !…
Mais j’y songe… Avant de me quitter,
Il m’a parlé de fruits qu’il venait d’apporter.

Elle cherche un instant, puis, se ressouvenant
soudain, elle court les prendre
dans la grotte.

Il les a mis à l’ombre et sous des feuilles fraîches.
Les voici… Qu’ils sont beaux !

ACIS

Des raisins et des pêches.