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ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN


GALATÉE,
se retournant enfin.

Il est parti, tant mieux ; le voilà qui chemine
Avec ses dogues noirs, là-bas, par la ravine.
Je sens comme d’un poids tout mon cœur s’alléger.
Que me veut-il enfin ? À quoi peut-il songer ?

Elle pose à terre une corbeille remplie
de laines de couleurs, s’assied et
s’apprête à travailler.

Je suis soumise, douce, et fais tout pour lui plaire :
D’où lui vient tout à coup cette étrange colère ?
Il m’obsède. J’étais, ce matin, au réveil,
Si joyeuse en peignant mes cheveux au soleil !
Pour voir si j’étais belle, à l’heure coutumière,
Je m’étais en passant mirée à la rivière…
Maintenant je suis triste et je m’efforce en vain :
Ah ! qu’il cesse, ou je vais le haïr à la fin !

Bruit de clochettes. Elle lève la tête.

On dirait le troupeau d’Acis dans la vallée.
Si c’était lui ! Déjà je me sens consolée.

Une flûte rustique se fait entendre
Elle écoute un moment.

C’est lui !

Elle court vers le fond.

Viens vite, Acis !…