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POLYPHÈME


Et rien, je n’aurai rien jamais de leur douceur…
Non, jamais ! Car je vois jusqu’au fond de ton cœur.

Il eût fallu pourtant si peu pour ma tendresse !
Un sourire… un bon geste… une simple caresse,
Même avec du mépris comme on caresse un chien.
Mais pas même cela pour moi… Rien, jamais rien
Que ce regard affreux glacé comme une eau morte…

GALATÉE,
froidement.

Veux-tu laisser mes bras !…

POLYPHÈME,
la lâchant.

Va, c’est toi la plus forte !…
Quelle folie !… Un dieu m’avait pris la raison !
Un instant… j ’avais cru… mais j’ai compris… Pardon !…

Silence.
Galatée fait quelques pas, avec une
affectation de tranquillité.

GALATÉE

Lycas n’était-il pas ici tantôt ?

POLYPHÈME

Sans doute !…

Regardant au dehors.

Veux-tu que je l’appelle ?… Il est là sur la route.