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POLYPHÈME


Je vis que j’étais laid !… Hélas ! ce fut un soir
Que, penché sur l’étang comme sur un miroir,
Pour la première fois je connus mon visage.
Honteux, je brouillai l’eau… L’eau refit mon image.
La nuit vint… Tout fut noir… Je regardais encor…
Et depuis j’ai vécu triste jusqu’à la mort !
Alors j’ai deviné le mensonge, la fraude,
Cet Acis, ce berger efféminé qui rôde,
Il l’a prise… à ses airs de grâce et de fadeur,
Quand moi, j’ai simplement l’infini de mon cœur !

Entre Lycas, cherchant à terre, à gauche et à droite.

Ah ! c’est toi, mon petit… Que cherches-tu ?

Lycas

Ah ! c’est toi, mon petit… Que cherches-tu ? Ma flèche.

Polyphème, la découvrant près de lui et la ramassant.

Tiens, la voilà.

Lycas, la prenant et embrassant Polyphème.

Tiens, la voilà. Bonjour.

Polyphème

Tiens, la voilà. Bonjour. Oh ! cette bouche fraîche !…