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ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN

d’une atmosphère surhumaine de pureté.

Souvent il visitait avec elle les pauvres et les malades. Tout enfant Angisèle avait commencé à répandre autour d’elle ses charités. Son âme semblait douée à cet égard d’une orientation mystérieuse. De secrets pressentiments l’avertissaient des lieux où l’on souffrait, elle s’y rendait aussitôt et son apparition soudaine dans les misérables cabanes y apportait la merveille d’un miracle. Cependant le mal singulier qui, depuis quelque temps, la minait, faisait chaque jour des progrès. Elle sentait une grande faiblesse dans tous ses membres et souvent, dans ses promenades avec Rovère, elle était obligée de s’appuyer à son bras pour ne point tomber. Dans ces moments, un léger flot de sang envahissait ses joues ; une flamme étrange passait dans ses yeux, rapide et vive comme un fil de laine qui s’enflamme, puis sa pâleur par degrés devenait effrayante ; et Rovère, à la considérer ainsi fragile et défaite dans