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ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN




Rovère s’était mis à parcourir le pays. C’était une terre nue et désolée ; sur la côte s’espaçaient quelques villages de pêcheurs. Des champs rares où, par places, le roc affleurait, portaient des moissons chétives et clairsemées. À l’intérieur, s’étendaient de vastes marais féconds en épidémies. Sous un ciel toujours chargé de nuages, un peuple aride et triste végétait là, disputant sa vie à la mer impitoyable et à la terre pierreuse, et Rovère éprouva d’abord une grande tristesse ; puis, peu à peu, il s’aperçut qu’une intime harmonie reliait entre eux ces aspects divers et que leur puissance d’émouvoir était extraordinaire. Ces landes immenses, cette mer sauvage,