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ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN




Rovère, faible encore, assis près de la fenêtre ouverte dans une chambre haute du château, songeait, la tête renversée sur un oreiller. Angisèle, près de lui, brodait. L’air léger, qui venait du dehors, déposait, sur ses lèvres desséchées de fièvre, une humidité saline. Un grand silence régnait ; des nuages couraient au ciel, ne laissant passer qu’une lumière atténuée et grise ; au loin, on apercevait des voiles sur la mer, et, sans trêve, dans les forêts voisines, on entendait sonner des cors.

Rovère regardait Angisèle. Elle n’était point belle et ne ressemblait en rien aux femmes qu’il avait aimées. Tout en elle était