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ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN

s’enfuyaient avec un brusque battement d’ailes lourdes. Rovère avait fermé les yeux, tout se noyait dans son esprit. À peine conscient, il ne percevait plus que la petite main de la jeune fille, légère et comme impondérable, posée sur la sienne ; et ce simple contact faisait couler dans tous ses membres et jusqu’au centre de son âme une ineffable fraîcheur.

À un moment, pressant un peu les doigts frêles, il demanda :

― Qui es-tu ?

― Je suis Angisèle, la fille du roi de Courlande, répondit-elle d’une voix pure comme l’argent. Et toi, quel coup du sort t’a jeté sur ces rivages ?

― Je suis Rovère, fils du duc de Spolète. La tempête a brisé sur un écueil le vaisseau qui me portait. Seul de tous mes compagnons, j’ai échappé au naufrage, et je me suis traîné jusqu’ici, où j’allais mourir si tu n’étais point venue.