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ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN

de son bras levé et plié au coude jusqu’à ses chevilles étroites était moelleuse au regard comme l’onde qui meurt sur le sable fin d’un rivage.

Des fleurs amoncelées s’exhalait un parfum violent, et l’éclat des lumières prodiguées, exaspérant les reflets, dilatait les yeux des convives. Quand les vins rares versés à flots eurent enflammé les esprits et répandu dans l’air l’âme des vieux soleils qu’ils couvaient :

Domitio, le premier, se leva et, tendant sa coupe, dit : « Je bois à toi, Dionysos, dieu des pampres lourds et des raisins gonflés, toi qui mûris sur les collines heureuses l’ivresse des festins futurs, dieu indulgent et fort, par qui les hommes, libérés des vains soucis, forcent la joie aux yeux d’or à s’asseoir un instant sur leurs genoux ! » Porphyre se leva, le second, et dit : « Je bois à toi, Dionysos, qui, par les soirs rouges d’automne, au milieu des torches et des cymbales, fais bondir nos