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CONTES

devant lui toutes les merveilles de la vie étendues à ses pieds, et dans la rondeur éclatante des seins, dans la fuite suave des courbes secrètes, dans les teintes adorables dont le sang colorait diversement l’épiderme, dans la pureté des contours et la grâce des membres, il voyait l’éclatant triomphe de cette force universelle qui menait la création à la beauté comme à sa fin suprême ; et, l’âme envahie d’une stupeur religieuse, silencieusement il l’adorait.

Un soir il réunit dans un banquet ses amis préférés, Domitio, Porphyre et Teremente. Au milieu de la table, sur un socle d’or enguirlandé de roses rouges, se dressait un petit Dionysos de marbre ; le dieu, une grappe à la main, la pardalide à l’épaule, ses cheveux arrangés comme ceux d’une femme, s’appuyait indolemment à un tronc d’arbre ; un sourire ambigu flottait sur sa bouche grasse ; ses yeux allongés, d’une douceur comme cruelle, étaient faits de deux émeraudes ; et la ligne qui descendait