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ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN


Ainsi, voluptueux d’essence, il avait concentré sur la femme toutes les énergies de sa nature et promené par toute l’Italie ses amours tumultueuses et magnifiques. Les plus fameuses beautés dénouèrent pour lui leurs chevelures et offrirent leurs seins à ses lèvres ; avec une désinvolture ingénue, d’ailleurs, il menait de front les intrigues les plus dissemblables, ne voyant dans les créatures qui formaient momentanément l’objet de son goût passionné que des formes adorables ou superbes dont la seule raison était de lui procurer, chacune en son caractère, des jouissances parfaites et diverses. Parmi ces maîtresses, la comtesse Viola Madori se signala exceptionnellement. La passion que Rovère éprouva pour elle prit tout de suite quelque chose de sombre et d’effréné. Il semblait pour lui que de cette chair tragique il sortît des éclairs ; sa sensibilité s’affola, et on put croire qu’une même tourmente les emporterait tous les deux.