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ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN

de lui les éléments des plus délicates jouissances.

Entouré de jeunes nobles de son âge, il donnait ses jours aux plus fastueux loisirs. Les peintres, les sculpteurs qu’il avait attirés à sa cour peuplaient de chefs-d’œuvre les galeries de son palais, et il passait de longues heures à en épuiser la beauté, car son imagination fervente ne se contentait point d’une admiration facile ; il entendait pénétrer au cœur des choses qu’il contemplait, et il ne se sentait satisfait que lorsque, par une progressive excitation, il arrivait à une sorte d’état plus subtil où son âme, comme détachée et toute frémissante, vibrait avec la couleur, ondulait avec les lignes, devenait elle-même la couleur et la ligne ; et ainsi ses plaisirs d’art ressemblaient à des possessions.

Par une pente naturelle de son esprit, il avait voué aux mythes antiques, sous lesquels les races élues adorèrent les aspects magnifiques de l’univers, un culte ardent où