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CONTES

sa propre vie au rythme de la vie adorée.

La bouche exquise s’entrouvrait dans l’ombre comme un fruit.

Alors, poussé par l’irrésistible désir, il approcha ses lèvres des lèvres de Nyza, le plus légèrement qu’il put, jusqu’à les toucher, sans qu’elle s’éveillât, d’un contact presque immatériel.

Puis il resta ainsi immobile et ferma les yeux…

Une infinie douceur coula dans ses membres ; en même temps il lui sembla que son cœur s’élargissait, devenait vaste, splendide et bleu comme le firmament des nuits d’été, et mille étoiles, traçant en tous sens des courbes d’or, y défaillaient….

L’heure était venue ; le poison d’Ydragone avait atteint en lui les sources mêmes de l’être. Un froid glacé l’enveloppa. Comme une urne plongée dans l’eau, son âme s’emplit rapidement de croissantes ténèbres, il poussa un long soupir, et sa tête, toujours suspendue