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ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN

les sourcils, fronçait les ailes du nez délicat.

Mais ce qui faisait fondre le cœur d’Hyalis, c’était l’ombre frangée des longs cils sur la joue, et, derrière l’oreille bien ciselée, la lisière ambrée de la chevelure, de la chevelure odorante et mystérieuse comme les forêts.

À tenir ainsi sous son regard celle qu’il n’avait jamais approchée jusque-là, il éprouvait comme un vertige, et des espaces immenses de pensée apparaissaient, se succédaient en lui, comme aux yeux de l’aigle les paysages qu’il domine de son vol.

Il s’inclina encore ; un souffle, faible et pur, passa sur son visage, et il frissonna ; c’était la respiration de la vierge endormie.

À intervalles réguliers sa blanche poitrine se soulevait, s’abaissait, et il semblait à Hyalis qu’il s’unissait maintenant à elle, qu’il prenait une parcelle de l’âme divine répandue dans son corps, qu’il accordait le rythme de