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CONTES

des frémissements exquis, et il approfondissait chaque jour avec un charme plus nuancé le mystère émouvant de vivre.

Comme il regardait de loin, un soir, un cortège de funérailles, la pâleur des femmes sous leur long voile, l’éclat douloureux de leurs yeux, la lenteur morne des chants funèbres, le prirent soudain d’une étreinte si doucement poignante qu’elle ressemblait à une volupté ; et il se dit, pensif :

― Les dieux ne connaissent point la beauté de la mort.

Cependant, plus que jamais, il songeait à la fille de Xylaos, mais ses sentiments à cet égard s’étaient aussi transformés. La pensée que c’était à cause d’elle qu’il allait perdre la lumière et qu’il faisait ainsi le don même de son être illuminait en lui des profondeurs ; et, par là, le regret de quitter la terre et la joie de souffrir pour Nyza formaient en son cœur un mélange d’une saveur triste et passionnée, où il goûtait d’inexprimables douceurs.