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ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN

meilleur de lui-même, s’exilant de préférence dans les lieux les plus sauvages. Là, des heures entières, avec un accent suppliant, il appelait « Nyza ! Nyza ! » Sa voix, plus sonore dans la solitude, semblait multiplier son désespoir, et cette illusion, dans sa détresse, n’était pas sans charme. Un agneau abandonné, qu’il avait recueilli et qu’il aimait tendrement, l’accompagnait toujours dans ses courses ; sa présence animée et légère ― car il s’écartait sans cesse et revenait en courant ― la grâce familière avec laquelle il se dressait vers sa main, ses menus ébats détournaient un instant Hyalis de sa tristesse ; parfois, quand son cœur débordait de peine, il le prenait dans ses bras, le serrait contre sa poitrine, pressait sur sa bouche la petite tête frisée aux yeux doux ; et il se sentait un instant consolé.