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ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN

Et la brute immobile offre son large front
Comme une enclume où va frapper le forgeron.
Tout est prêt. Dans la cour descend un grand silence…
Le lourd marteau levé lentement se balance,
Plane, hésite, et soudain, d’un coup terrible et sourd
Tombe… le crâne sonne… Un léger frisson court.
Le bœuf assommé croule : et dans sa gorge inerte
Le grand couteau plongé fait par l’entaille ouverte
Jaillir à flots pressés un sang noir et fumant.
Le sol autour s’empourpre. Ardagôn, par moment,
Enfonçant jusqu’au coude un bras qui sort tout rouge
Ranime un peu de vie aux flancs du bœuf qui bouge ;
Et les enfants penchés sentent, en frémissant,
Leur petit cœur cruel réjoui par le sang.