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ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN


Leur pensée est pareille au feuillage du saule
À toute heure agité d’un murmure incertain ;
Et leur main fièrement rejette sur l’épaule
Leur beau manteau qui claque aux souffles du matin.



En eux couve le feu qui détruit et qui crée ;
Et, croyant aux clairons qui renversaient les tours,
Ils vont remplir l’amphore à la source sacrée
D’où sort, large et profond, le fleuve ancien des jours.



Ils ont l’amour du juste et le mépris des lâches,
Et veulent que ton règne arrive enfin, Seigneur !
Et déjà leur sang brûle, en lavant toutes taches,
De jaillir, rouge, aux pieds sacrés de la Douleur !



Tambours d’or, clairons d’or, sonnez par les campagnes !
Orgueil, étends sur eux tes deux ailes de fer !
Ce qui vient d’eux est pur comme l’eau des montagnes,
Et fort comme le vent qui souffle sur la mer !