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SYMPHONIE HÉROÏQUE


Mes sens dorment d’un air de félins au repos…
Mais leur calme sournois couve déjà l’émeute.
Déjà, déjà, j’entends les abois de la meute,
Et je bondis avec mes cheveux sur mon dos !



Oh ! Fuir sans arrêter pour boire aux sources fraîches,
Pour regarder le ciel comme un petit enfant…
Le ciel !… l’Archer est là souriant, triomphant ;
Et, folle, sous la pluie innombrable des flèches,



Je tombe, en blasphémant la justice des dieux !
Aveugle et sourde, hélas ! trône la Destinée.
Et mon âme au plaisir féroce condamnée
Pleure, et pour ne point voir met ses mains sur ses yeux.



Mais écoutez… voici la flûte et les cymbales !
Les torches dans la nuit jettent des feux sanglants ;
Ce soir, les vents du sud ont embrasé mes flancs,
Et, dans l’ombre, j’entends galoper les cavales…