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LE CHARIOT D’OR


Nous errons à travers les jardins taciturnes,
Émus en même temps de limpides frissons,
Touchés de nous aimer dans ce que nous pensons
Et nous penchant ensemble aux fontaines nocturnes.



L’amour s’ouvre à ses doigts comme un lys infini,
Tout en elle se donne et rien ne se dérobe.
Ses bras savent surtout bercer et sous sa robe
Son sein a la chaleur maternelle du nid.



La Pitié, la Douceur, la Paix sont ses servantes ;
À sa ceinture pend le rosaire des soirs,
Et c’est elle sans trêve et pourtant sans espoirs,
Que je cherche à jamais à travers les vivantes.



Elle est tout ce que j’aime au monde, le Secret,
L’Amour aux longs cheveux, la Pudeur aux longs voiles,
Même elle me ressemble aux rayons des étoiles,
Et c’est comme une sœur morte qui reviendrait.