Page:Samain - Œuvres, t2, 1921.djvu/118

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
106
ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN


Le passé me remonte à l’âme… et, comme un pâtre
Qui rêve solitaire au fond du soir bleuâtre,
Je regarde immobile en mon recueillement,
Je regarde là-bas sur mon cœur doucement,
Plus suave, on dirait, dans les ombres accrues,
Tourner le chœur léger des choses disparues.



Ton souvenir est comme un coffret de reliques
Où dorment des joyaux d’amour mélancoliques
Et que j’ouvre à genoux pour voir comme un trésor
Tout mon passé dans l’ombre étinceler encor !



Comme un écho profond l’amour en moi persiste.
Le reproche est bavard ; la rancune égoïste.
Je ne te dirai rien, sinon que je suis triste…



Telle une fleur qu’on coupe et qui douce à souffrir
Ne sait rien qu’exhaler ses parfums et mourir.