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LE CHARIOT D’OR


Des fiacres attardés roulent dans les lointains.
Sous les arbres émus de frissons incertains,
Des brises doucement circulent, attiédies,
Et poignantes au cœur comme des mélodies.
Le fleuve sourd ondule en moires de langueur,
Et j’ai tout un bouquet d’étoiles dans le cœur !



Je t’aime. Mon sang crie après toi. J’ai la fièvre
De boire cette nuit idéale à ta lèvre,
D’étendre sous tes pieds, comme un manteau de roi,
Ma Vie, et de te dire, oh ! de te dire : « Toi »
Avec une langueur si tendre et si profonde
Qu’en la sentant sur toi, ta chair, toute, se fonde.