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au jardin de l'infante



L’heure est à nous ; voici que, d’instant en instant,
Sur les bois violets au mystère invitant
Le grand manteau de la Solitude s’étend.


L’étang moiré d’argent, sous la ramure brune,
Comme un cœur affligé que le jour importune,
Rêve à l’ascension suave de la lune…


Je veux, enveloppé de tes yeux caressants,
Je veux cueillir, parmi les roseaux frémissants,
La grise fleur des crépuscules pâlissants.


Je veux au bord de l’eau pensive, ô bien-aimée,
À ta lèvre d’amour et d’ombre parfumée
Boire un peu de ton âme, à tout soleil fermée.


Les ténèbres sont comme un lourd tapis soyeux,
Et nos deux cœurs, l’un près de l’autre, parlent mieux
Dans un enchantement d’amour silencieux.