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au jardin de l'infante



Ah ! tu la connais bien, sphynx avide et moqueur,
Cette folle aux yeux d’or qu’à vingt ans l’on épouse,
La Gloire, femme aussi… Lève-toi donc, jalouse,
Debout, et plante-nous ta frénésie au cœur !


Rampe au long des buissons, darde tes yeux de flamme.
Un regard, et déjà la chair folle s’émeut ;
Un sourire, et l’alcool de nos sens a pris feu ;
Un baiser, et tes dents ont mordu dans notre âme !


À Toi, va, maintenant les sublimes, les fous,
Tous ceux qui s’en allaient aux fêtes inconnues.
Archanges déplumés, précipités des nues,
Oh ! comme les voilà rampants à tes genoux !


Tout leur cœur altéré râle vers ta peau rose,
D’où rayonne un désir électrique et brutal.
L’horizon lumineux sombre en un soir fatal,
Et voici s’effondrer la grande apothéose…