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AU JARDIN DE L’INFANTE


Aux mirages de l’art, aux froissements du fer,
Le sang rouge à torrents en nous se précipite,
Et notre âme se gonfle, et s’élance, et palpite
Vers l’infini, comme aux approches de la mer !



Toi, debout au miroir et dominant la vie,
Tu peignes tes cheveux splendides lentement,
Et, pour nous voir passer, tu tournes un moment
Tes yeux d’enfant féroce, à qui tout fait envie.



Fleur chaude, fleur de chair balançant ton poison,
Tu te souris, tordant ta nudité hautaine,
Et déjà les parfums de ta robe lointaine
Nagent comme une haleine ardente à l’horizon,



À l’horizon d’espoir et de rêves sublimes,
D’obstacles à franchir d’un orgueil irrité,
Et de sommets divins, où se cabre, indompté,
Le grand cheval ailé, qui hennit aux abîmes !