Page:Samain - Œuvres, t1, 1921.djvu/151

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
137
au jardin de l'infante





DESTINS


Veneris monumenta nefandæ.
VIRGILE.


Ô femme, chair tragique, exquisement amère,
Femme, notre mépris sublime et notre Dieu,
Ô monstre de douceur, et cavale de feu,
Qui galopes plus vite encor que la Chimère.


Femme, qui nous attends dans l’ombre au coin du bois,
Quand, chevaliers d’avril, en nos armures neuves
Nous allons vers la vie, et descendons les fleuves
En bateaux pavoisés, le rameau vert aux doigts.


L’oriflamme Espérance aux fraîcheurs matinales
Ondule, et nous ouvrons dans le matin sacré
Nos yeux brillants encor de n’avoir pas pleuré,
Nos yeux promis un jour à tes fêtes fatales.