Page:Samain - Œuvres, t1, 1921.djvu/127

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
113
au jardin de l'infante


Je voudrais tous les cœurs avec toutes les âmes !
Je voudrais, chasseresse aux féroces ardeurs,
Entasser à mes pieds des cœurs, encor des cœurs...
Et je distribuerais mon butin rouge aux femmes !



Je traîne, magnifique, un lourd manteau d’ennui,
Où s’étouffe le bruit des sanglots et des râles.
Les flammes qu’en passant j’allume aux yeux des mâles,
Sont des torches de fête en mon cœur plein de nuit.



La haine me plaît mieux, étant moins puérile.
Mère, épouse, non pas : ni femelle vraiment !
Je veux que mon corps, vierge ainsi qu’un diamant,
À jamais comme lui soit splendide et stérile.



Mon orgueil est ma vie, et mon royal trésor ;
Et jusque sur le marbre, où je m’étendrai froide,
Je veux garder, farouche, aux plis du linceul roide,
Une bouche scellée, et qui dit non encor.