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au jardin de l'infante



Un adieu rose flotte au front des monuments.
Le soir, velouté d’ombre, est plein d’enchantements ;
Et, cependant qu’au loin pleurent les crocodiles,


La Reine aux doigts crispés, sanglotante d’aveux,
Frissonne de sentir, lascives et subtiles,
Des mains qui dans le vent épuisent ses cheveux.

II

Lourde pèse la nuit au bord du Nil obscur…
Cléopâtre, à genoux sous les astres qui brûlent,
Soudain pâle, écartant ses femmes qui reculent,
Déchire sa tunique en un grand geste impur,


Et dresse éperdument sur la haute terrasse
Son corps vierge, gonflé d’amour comme un fruit mûr.
Toute nue, elle vibre ! et, debout sous l’azur,
Se tord, couleuvre ardente, au vent tiède et vorace.