Excité par l’indignation générale, Sylla conduit ses troupes contre les consuls ; et dans cette lutte désastreuse, on voit se combattre deux armées romaines. Le parti de Marius succombe, Sylla triomphant poursuit avec fureur tous ceux qui étaient restés dans Rome, et la république affranchie par ses armes, il ne la rend point aux lois ; il s’en empare ; il se montre tel enfin, qu’il fait regretter cette même tyrannie de Marins et de Cinna qu’il était venu punir. Ainsi, dit Salluste, à un début louable, Sylla fit succéder une issue criminelle[1]. Le début fut juste, puisque Sylla s’armait pour rendre la liberté aux citoyens opprimés ; l’issue fut coupable, lorsque, vainqueur des tyrans et des chefs d’assassins, il porta des coups plus cruels à la patrie, lui qui s’était annoncé comme le vengeur des calamités publiques.
Sylla, pendant la durée de sa domination, fit un grand nombre de lois et de règlements ; il accorda à plusieurs villes des exemptions d’impôts, et à une foule d’individus le droit de cité romaine. Les tentatives du consul Lépidus pour abroger ces actes, suscitèrent, entre lui et son collègue Catulus, une guerre civile où le premier succomba.
Lépidus avait rassemblé une armée nombreuse. Il appelait sous ses drapeaux tous les enfants des proscrits, tous ceux dont Sylla avait distribué les biens à ses soldats ; et promettait, pour prix de la victoire, de les faire rentrer dans l’héritage de leurs pères. Comme magistrat et comme particulier, comblant le peuple de largesses, il avait conquis sa faveur, et pas-
- ↑ Sallust. Catilin., cap. xi.