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de guerre, on les retenait dans les murs de la ville, comme trop exposes à devenir des traîtres, car la pauvreté n’a rien à perdre[1]. Le consul n’hésita point à enrôler de tels hommes, à qui l’on n’aurait jamais dû confier la défense de la patrie.

Le destin voulut que Marins emmenât en Numidie, comme son lieutenant, L. Sylla[2], qui appartenait au parti des nobles. Après avoir heureusement terminé la guerre et fait Jugurtha prisonnier, tous deux rentrèrent vainqueurs dans Rome. Aussitôt, grâce à sa supériorité reconnue, Marius fut envoyé dans les Gaules , dont les peuples faisaient à main armée une irruption sur les frontières romaines.

Dans le même temps, Mithridate, à la tête d’armées nombreuses, prenant et saccageant toutes les villes alliées des Romains, désolait l’Asie entière. On choisit, pour le repousser, L. Sylla, qui, dans la guerre d’Afrique, avait donné des preuves de son activité et de l’étendue de son génie[3].

Marius l’apprend et se presse de terminer la guerre qu’il dirigeait. Cet homme, avide d’une gloire sans bornes, ne peut souffrir qu’un autre ait l’honneur de défendre la liberté et la dignité romaines. Pour la seconde fois, il rentre vainqueur dans Rome, après

  1. Sallust. Catilin., cap. xxxviii. Dans le texte d’Exsuperantius, on lit : Egestas haud facilè, etc. La faute de copiste est évidente.
  2. Marius n’avait point emmené Sylla, et ne l’eut jamais pour lieutenant. Il avait déjà remporté de grands avantages sur Jugurtha, lorsque Sylla lui fut envoyé comme questeur, avec un renfort de cavalerie.
  3. Le texte est mutilé et altéré. Corporis … magnitudo forme un sens ridicule : j’ai lâché d’en trouver un raisonnable. On remarquera que, dans ce qui suit, l’auteur commet un anachronisme de treize années, en plaçant le commencement des démêlés entre Sylla et Marius, immédiatement après le triomphe de Marius vainqueur des Cimbres.