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étaient réellement de Salluste. Le premier, loin d’étayer de preuves son opinion, a fait le travail le plus propre à la renverser. Il a extrait des écrits reconnus pour être de Salluste, les passages nombreux qui établissent une parfaite identité entre le style de ces ouvrages et celui des deux épîtres.

Carrion fonde ses soupçons sur ce qu’aucun grammairien n’a cité les épîtres de Salluste. Ce fait indiquerait tout au plus qu’elles n’eurent qu’une publicité passagère, mais il ne prouve rien contre leur authenticité. Aucun auteur ancien n’a cité les fables de Phèdre ; Sénèque, postérieur à Phèdre, va jusqu’à dire que les écrivains romains ne se sont jamais essayés dans le genre de la fable[1] : personne pourtant ne regarde le recueil de Phèdre comme un ouvrage pseudonyme.

C’est en l’an VI (1797 — 1798) que, pour la première fois, j’ai publié la traduction des Épîtres de Salluste. Je l’avais écrite en entier, lorsque je lus l’imitation assez libre que Debrosses en a insérée dans le IIIe volume de sa

  1. « Fabellas quoque et AEsopeos logos, intentatum romanus ingeniis opus, etc. » (De consolat. ad Polyb., cap. 27.) L’authenticité de cet ouvrage est contestée.