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Quels que fussent les motifs qui guidaient la plume de Salluste, les conjonctures qu’il a eues en vue, les idées qu’il a développées, et la manière dont elles sont traitées, rendront toujours ses épîtres intéressantes pour le politique, l’historien et le littérateur. On trouve chez d’autres écrivains le détail des révolutions qui renversèrent la grande république : on démêle, dans les épîtres de Salluste, les causes principales de ces révolutions, la manière dont elles s’opérèrent, et le jugement qu’en portait l’un des contemporains les plus éclairés.

On y reconnaît aussi, à la vivacité et à l’énergie des tableaux, le génie et la touche vigoureuse de l’auteur. On y remarque, plus encore que dans ses ouvrages historiques, cette concision qui force de le lire si attentivement. Salluste supprime presque toutes les idées intermédiaires ; en sorte qu’il ne faut pas le perdre un instant de vue, pour saisir le fil des idées principales. Mais aussi Salluste s’adressait à César : le plus profond des écrivains au plus pénétrant des hommes.

Deux commentateurs, Cortius et Carrion, ont mis néanmoins en doute si ces épîtres