Page:Salverte - Essais de traductions, Didot, 1838.djvu/180

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moins d’adresse : persuadé qu’une démarche perfide, quand elle empêche l’innocence de se justifier, n’est que prudente quand il s’agit d’ôter à l’intrigue le pouvoir d’en imposer.

Que peut, pour le maintien des mœurs, la crainte d’une délation secrète ? Rien ; puisqu’une vie à l’abri du reproche n’est point à l’abri des traits des délateurs. Aux discussions publiques entre les candidats, appartenait une efficacité plus sûre. Chacun d’eux avait dû s’y préparer dès le commencement de sa carrière ; certain d’avance que sa vie entière passerait alors sous les yeux du peuple ; qu’on ne lui ferait grâce ni d’un vice, ni d’un défaut, ni d’une action blâmable, ni d’une simple erreur ; que sa conduite et ses discours, comme homme et connue citoyen, aux armées, au forum, dans les provinces, dans l’intérieur de sa maison, seraient discutés par des émules jaloux, et appréciés par un juge sévère.

Les mœurs d’un Catilina, d’un Antoine, d’un Clodius, ne doivent point ici nous être opposées. Le mal, parvenu au comble, était alors plus fort que les remèdes. Mais que l’on songe au débordement de puissance et de richesses qui vint fondre dans Rome, si j’ose m’exprimer ainsi, immédiatement après la bataille de Zama ; et l’on s’étonnera que les mœurs aient mis encore un siècle et plus à se corrompre complétement, et l’on