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vous devez, je crois, méditer : Je suis un homme nouveau, je demande le consulat.

Reste la troisième idée : je suis dans Rome. Rome ! cette cité formée du concours des nations, où l’on rencontre tant d’embûches, tant de tromperies, tant de vices de tous genres, où il faut supporter l’arrogance, l’obstination, la malveillance, l’orgueil, la haine et l’injustice de tant de personnes. Combien, au milieu de la corruption si grande et si variée d’un si grand nombre d’hommes, combien ne faut-il pas de prudence et d’art pour échapper aux pièges, aux bruits publics, au danger d’offenser ; pour que le même homme se ploie à une diversité si étrange de mœurs, de discours et d’inclinations ! Ainsi donc, et plus que jamais, suivez la route que vous avez choisie ; excellez dans l’éloquence. A Rome, c’est l’éloquence qui attire et attache les hommes, et les détourne de vous repousser et de vous nuire. Mais comme le vice, le plus grand peut-être de notre cité, est que souvent les largesses y triomphent de l’honneur et du mérite, sentez sur ce point quelles sont vos forces ; songez que vous êtes l’homme le plus propre à inspirer à vos compétiteurs la crainte d’une accusation et d’un jugement. Qu’ils sachent que vous les surveillez, que vous les épiez ; qu’ils redoutent à la fois votre activité, le poids et l’éloquence de vos discours, et surtout le zèle de l’ordre équestre (41) pour vos intérêts. Ce n’est pas que je vous invite à paraître à leurs yeux comme méditant déjà leur accusation, mais bien à la leur faire craindre assez