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Une différence sensible de ton et d’idées dans les deux épîtres rappelle la différence des prétentions qu’afficha César avant et après la victoire : différence si bien marquée par le désir qu’il témoigna d’abord de s’étayer du crédit de Cicéron, et par la nullité à laquelle il s’efforça ensuite de réduire ce grand homme. Dans la première épître, Salluste provoque une véritable reconstitution de la république : les moyens qu’il indique sont peut-être insidieux, mais l’intention apparente n’est point équivoque. Dans la seconde, quoique César eût fait concevoir aux Romains quelque espérance du rétablissement de la liberté[1], Salluste ne lui propose que des réformes très-compatibles avec l’affermissement de la domination d’un seul[2].

Ce qu’il dit de Sylla, dans la première épître, semble d’autant plus extraordinaire,

  1. Cicer. Epist. ad famil., lib. XIII, epist. 68.
  2. Nous remarquerons que, vers la même époque, Cicéron, pressé par Atticus de composer un ouvrage qu’il pût adresser à César, choisit un sujet analogue à celui qui avait occupé Salluste. Les amis de César, à qui il communiqua sa lettre, trouvèrent qu’il y régnait un trop grand esprit de liberté. Cicéron, qui s’accusait d’un excès contraire, la supprima. (Cicer. ad Attic., XII, 51 ; XIII, 27, 28, 31.)