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même plus de loisir que je ne l’avais espéré. On n’emplit point sa maison de clients, quand on n’accepte de causes qu’autant que l’on en croit pouvoir terminer ; le hasard faisant arriver celle sur laquelle on comptait le moins, et empêchant de suivre celle qui semblait la plus instante. Le plus grand risque enfin est d’offenser celui qu’a trompé votre promesse ; mais cet inconvénient est incertain, est éloigné, et ne s’étend qu’à peu de gens, tandis que vous promettez à tous. Par des refus, au contraire, vous indisposez certainement, et dès à présent, un plus grand nombre de personnes ; car les gens qui veulent pouvoir compter sur votre assistance sont plus nombreux que ceux qui en usent. Il vaut donc mieux offenser un jour, peut-être, quelques clients dans le forum, que tous, et sur-le-champ, dans votre maison. Les hommes sont plus irrités contre celui qui les refuse que contre celui qu’ils voient empêché, par une cause légitime, de tenir sa promesse, mais plein du désir d’y satisfaire aussitôt qu’il le pourra » .

Pour ne point m’écarter de mon plan, je dois, en traitant de la part qu’a la popularité dans la candidature, observer que les soins que je viens de vous prescrire influent moins encore sur le zèle de nos partisans que sur notre réputation parmi la multitude. Sans doute on enflamme ce zèle en répondant avec affabilité, en se livrant avec chaleur aux affaires et à la défense de ses amis : mais je discute ici ces moyens comme propres à vous concilier le peuple, à