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tout sont à craindre la ruse, les embûches, la perfidie. Ici sans doute serait déplacée l’interminable discussion des caractères auxquels on peut distinguer l’ami vrai du faux ami : il suffit, sur ce point, d’éveiller votre attention. L’excellence de vos vertus a forcé les mêmes hommes à vous porter envie et à feindre de vous aimer. Retenez donc ce précepte d’Épicharme :

Ne point croire légèrement
Voilà le nerf de la sagesse (33).

Après vous être assuré les services de vos amis, il faut connaître les motifs et les diverses classes de vos ennemis et de vos adversaires. Vous en avez de trois sortes : ceux que vous avez offensés ; ceux qui vous haïssent sans cause ; ceux qui sont fortement attachés à vos compétiteurs. Auprès de ceux que vous avez offensés en plaidant contre eux pour un ami, excusez-vous de bonne foi sur la nécessité où vous étiez d’agir ainsi ; donnez-leur l’espoir, promettez-leur que, s’ils veulent devenir vos amis, vous soutiendrez leurs intérêts avec autant de zèle et d’activité. Pour guérir de leur prévention défavorable ceux qui vous haïssent sans cause, adoucissez-les par de bons offices, par des espérances, par l’assurance que vous chercherez à leur être utile. Les mêmes moyens vous serviront à l’égard de ceux que vous rend contraires leur amitié pour vos compétiteurs : montrez même pour ceux-ci de la bienveillance, si vous pouvez le faire avec quelque vraisemblance.

XI. Après avoir suffisamment parlé des moyens