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place bien, et que, de cette occasion, doit naître une amitié solide et durable, et non point passagère et bornée au temps des comices. Non, il n’y aura personne, pour peu qu’il ait de sentiments honnêtes, qui laisse échapper cette occasion offerte d’acquérir votre amitié, surtout lorsqu’un sort favorable ne vous donne pour concurrents que des gens dont l’amitié est à mépriser ou à fuir, et qui, loin d’atteindre le but que je vous propose, ne peuvent même y prétendre. Comment Antoine essayerait-il de rechercher ses concitoyens, et de se les attacher, lorsqu’il ne peut, de lui-même, les appeler par leurs noms ? Quoi de moins sensé que d’espérer qu’un homme que vous ne connaissez pas s’empressera à vous servir ? Pour faire porter aux honneurs un citoyen, par des gens qu’il ne connaît pas et dont on n’a point capté les suffrages en sa faveur, le comble de la considération et de la gloire, et les plus grandes actions, suffisent à peine ; comment donc un homme méchant, inactif (26), noté d’infamie, pourrait-il, sans talent, sans crédit et sans amis, l’emporter sur vous qu’étayent le zèle d’un grand nombre d’hommes et l’estime de tous, si vous ne vous rendiez coupable d’une impardonnable négligence ?

VIII. Sachez donc vous assurer de toutes les centuries par des affections nombreuses et variées. Recherchez d’abord ceux qui sont le plus près de vous, les sénateurs, les chevaliers et les hommes actifs et accrédités dans les autres ordres de l’État. On trouve dans les tribus urbaines (27) beaucoup d’hommes