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qu’en hâter ou en reculer un peu l’instant, et en modifier quelques détails. Vérité importante, dont la preuve se trouve dans les annales de presque tous les peuples ; vérité rarement aperçue ; si du moins on en juge par les décisions absolues que l’on entend chaque jour porter sur l’histoire politique.

L’esprit général des institutions romaines les faisait tendre surtout à concilier, par les affections de l’homme et malgré les prétentions du citoyen, les deux éléments de la souveraineté nationale, le sénat et le peuple. Et cela seul explique ce qui semble inexpliquable dans l’histoire, comment, pendant quatre siècles, à des assemblées orageuses où la véhémence et l’âpreté des invectives ne nous montrent que deux partis prêts à s’entr’égorger, succédèrent presque toujours des concessions réciproques, des mesures de paix et de conciliation, des résolutions et des élections dictées par l’intérêt de la commune patrie.

L’institution du patronage et de la clientèle tendait directement à ce but. La puissance que nous avons signalée dirigeait dans le même sens, quoique moins visiblement, les devoirs de la candidature.

Les soins si nombreux, si variés, si empressés, si humbles, auxquels l’ambition astreignait, envers les derniers même des plébéiens, ces fiers patriciens, ces nobles altiers, comblaient, dans la pensée de tous, l’intervalle immense qui séparait les