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rime n’existe pas, la fin du vers est aussi accusée très nettement, mais par autre chose que l’on appelle la mesure. Vous comprendrez cela quand vous aurez appris le latin.

Deux voyelles de mots différents ne doivent pas se heurter dans un vers français, à moins que la première ne soit adoucie par un e muet qui s’élide. Ainsi l’on peut écrire : “ Une idée est venue à mon esprit troublé, ” mais non pas : “ Un ami est venu à l’appel de ma voix.” Cette rencontre interdite s’appelle un hiatus, mot latin qui signifie “ lacune, ouverture ”’; c’est, en effet, comme un trou dans le vers, où la voix bute quand on lit tout haut.

Même en prose il faut éviter les hiatus désagréables, par exemple : “ Il va à Athènes.” Vous sentez bien que ce n’est pas très joli.

Dans un alexandrin, la voix doit pouvoir s’arrêter un instant au milieu du vers, à la fin d’un mot : c’est ce qu’on appelle la césure (du latin caesura, coupure). Voici douze syllabes qui, faute de césure,

ne font pas un vers : ’

Le jour n’est pas plus brillant que vos yeux d’azur.

Évidemment, la voix ne peut pas s ’arrêter à mi- chemin ; on ne peut pas prononcer bril-lant avec une pause au milieu du mot. Mais le vers sera correct si j’écris :